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S’initier à la santería à Cuba

Une religion de plus en plus populaire

Auteur:
Olivia Ameneiros
Date de publication:
19 août 2022

Pour quelle raison tant de gens décident de se faire « santo » à Cuba ? Selon la religion yoruba, les personnes qui embrassent la santería s’assurent une protection spirituelle dans leur vie quotidienne.

Une femme initiée offre des fleurs à la Sainte Barbara

À Cuba, il est assez habituel de croiser dans les rues des hommes et des femmes entièrement vêtus de blanc. Il ne s'agit ni d'une mode ni d'une façon de mieux supporter une chaleur étouffante. S’habiller tout en blanc est une exigence pour se faire santo (saint), initiation religieuse qui gagne chaque jour plus d’adeptes dans l’île.

Le Cubain croit un peu en toutes les religions, dont celles d’origine africaine, la santería en particulier. Certains étrangers arrivent dans l’île à la recherche de la toute-puissance du panthéon yoruba, poussés peut-être par une dévotion fervente, attirés par le folklore et la culture associés à cette religion, ou tout simplement par curiosité. Il est courant d’entendre parler, aussi bien les Cubains que les étrangers, de consultations, d’invocations, de protections, de dépouillements, de messes spirituelles ou de fêtes religieuses…

Comment se faire couronner santo ?

Pour les croyants et les pratiquants de cette religion, se faire couronner santo assure la protection des Orishas, les divinités du panthéon religieux afro-cubain. Cependant, il s’agit d’un procédé long et complexe.

La cérémonie d’initiation est le tout premier pas. Elle est indispensable pour devenir santero ou santera. Il faut d’abord déterminer, à travers l’oracle d’Ifá, l’ange gardien ou l’orisha qui gouverne la vie de l’initié. Selon son ange gardien protecteur, le nouvel adepte recevra des Orishas différents : Obatalà (Notre-Dame-des-Grâces, dans la religion catholique), Shangó (Sainte-Barbe), Yemayá (Vierge de Regla) ou Oshún (Vierge de la Caridad del Cobre).

Autel aux Orishas

Il est également indispensable de se soumettre à une messe spirituelle pour savoir quels sont les morts et les esprits familiaux qui protègent l’initié. C’est à ce moment-là que se décide s'il faut faire une offrande (nourriture ou argent).

Avant d’être couronné, le novice recevra la main d’Orula qui consiste en un bracelet protecteur fait de petites perles de différentes couleurs. Après ces rituels, la cérémonie de couronnement se prolonge durant sept jours pendant lesquels l’initié doit demeurer isolé dans une chambre, sans en sortir. Cette religion considère que l’individu renaît et il est donc traité comme un nouveau né. Durant ces journées de recueillement, tous ses besoins sont assurés et c’est alors que commence la purification.

Au bout de la semaine, le novice doit suivre pendant un an certaines règles dans sa vie quotidienne, par exemple se vêtir entièrement de blanc en permanence. La couleur de ses vêtements et les autres règles que le futur santero est obligé de suivre durant ces douze mois permettent sa purification. Selon les préceptes de cette religion, c'est une façon de dissiper les mauvaises énergies et de balayer tous les obstacles.

Les pratiquants, et aussi les santeros et santeras, estiment que ces rituels modifient de manière significative la vie des personnes, notamment en ce qui concerne leur santé et aussi du point de vue psychologique.

Se faire santo te convertit en saint ?

Diverses raisons poussent les Cubains à la cérémonie de couronnement : certains guidés par une nécessité  spirituelle ou par la dévotion, d'autres aspirent à l'équilibre mental, et d'autres encore cherchent à soulager leurs désordres émotionnels ou leurs problèmes de santé.

Actuellement, se faire « saint » à Cuba est devenu chose commune, quotidienne. Auparavant, certaines personnes considéraient les religions afro-cubaines avec méfiance, mais aujourd’hui, elles sont des dizaines et même  des centaines à embrasser ces croyances en toute confiance.

Nombreux sont ceux qui aspirent à obtenir une stabilité générale, une prospérité économique et à éviter des dangers imprévus. Dans tous les cas, ceux qui en font l'expérience cherchent la protection des déités afro-cubaines. Il est néanmoins erroné de penser qu’une fois « couronnée », la personne est absolument protégée. Les spécialistes en la matière précisent que la santería contribue à éviter les effets nuisibles de certaines situations, ce qui ne signifie pas qu’elle les élimine définitivement.

Un babalawo (prêtre de la Santería) lit les oracles

Cependant, bien souvent, cette dévotion fervente est utilisée par ceux qui cherchent à s’enrichir aux dépens des initiés. Loin d’apporter leur soutien et leurs conseils désintéressés, certains individus découvrent un négoce prospère dans cette pratique religieuse. Bon nombre de personnes pratiquent cette religion comme un moyen d'échapper à de mauvaises habitudes ou tout simplement parce qu’il s'agit d'une mode socioculturelle. C’est pourquoi de nombreux défenseurs des religions afro-cubaines s'efforcent d'effacer cette fausse image et de faire en sorte que ceux qui embrassent la foi le fassent par conviction et dédication spirituelle.

traducteur:

Alicia Beneyto Tortosa

Cubanía

Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.

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