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La percussion cubaine, un trésor historique révélé

Héritage des cultures européennes, africaines et américaines

Auteur:
Lino Neira
Date de publication:
7 octobre 2022

Cubanía partage un article d'Inter Press Service qui retrace le parcours historique de la musique cubaine afin de suivre les traces de la percussion cubaine, partie indéniable des rythmes de la Grande Île.

L'une des principales richesses de la culture cubaine réside dans sa musique. La percussion est son âme et elle constitue tout un univers complexe qui est mondialement admiré grâce aux innombrables apports de rythmes, de techniques d'exécution, d’instruments et de groupes de percussion qui, d’une façon déterminante, ont influencé l’actualité musicale. Cependant, son histoire et son développement conserve des facettes peu connues du grand public.

Après le processus de conquête et de colonisation, les instruments primitifs des autochtones de l'Île ont disparu suite à l'acculturation dont ils ont été l'objet par les colons. Les Espagnols, qui avaient voyagé à Cuba avec pour seule fin leur enrichissement personnel, apportèrent avec eux quelques instruments de percussion issus de la musique militaire et populaire. 

Dès le début de l'époque coloniale on observe le peu d'importance donné aux instruments à percussion dans les ensembles qui jouaient à Cuba constitués par les différentes ethnies qui peuplaient l'Espagne. Toutefois, le répertoire de la guajira (musique au style paysan), qui est le style musical cubain ayant le plus conservé d'origines hispaniques, est exécuté uniquement en employant des instruments à percussion nés dans l'archipel. 

Il ne faut pas oublier que les Espagnols utilisent dans la musique populaire, spécialement dans celle de la rue, des instruments européens de fanfare – tous d'origine arabe – qui sont aussi présents dans la musique militaire. De ceux-ci, certains ont été adaptés pour les congas à Cuba, comme cela s'est produit avec les bombos et les tambours militaires. Les timbales, connues comme timpani, propres aux orchestres de concert et d’accompagnement européens, ont été brillamment transformées par nos musiciens, jusqu'à créer les fameuses timbales cubaines, nommées aussi pailas.

L'absence d'instruments de percussion en provenance d'Espagne à Cuba ne signifie en aucune façon la carence d'un art de la percussion dans ce pays. Les danses hispaniques, accompagnées de claquement de mains, de claquettes, des coups de résonance sur des boîtes en bois ou des castagnettes, comme cela se produit dans l'actuel art flamenco, ne sont qu'un échantillon du rythme musical de la « mère patrie » et de l'existence d'un legs rythmique encore inexploré à Cuba.

L'héritage de la percussion africaine

Il a fallu attendre l'arrivée des esclaves africains sur l'Île, pour que des dizaines de groupements instrumentaux aient été connus, il s'agissait principalement des tambours. Ces derniers ont transformé progressivement le panorama musical de la future nation. Parmi les différentes influences qui ont conforté la culture musicale cubaine, on peut observer l'héritage de la percussion chez quatre groupes ethniques africains fondamentaux : Yoruba, Bantou, Ewe-fon et Carabalí, lesquels ont reproduit ici les ensembles d'instruments correspondant à leurs traditions culturelles.

Les tambours batá et la religion afro-cubaine de la Santería

Des genres et des instruments de zones voisines, comme Haïti et la Jamaïque se sont également produits à Cuba. Les habitants de ces deux îles ont, depuis près de deux cent ans, commencé à travailler et à résider dans l'île pour divers motifs. La tumba francesa, el gagá et la regla-vodú occupent une importance particulière dans l’ensemble de ces traditions développées à Cuba, appelé « antécédent caribéen ».

À cause des influences signalées, et d'autres comme celles des États-Unis ou d'autres pays, au cours du dernier siècle, la culture musicale cubaine est le résultat d'un processus entrelacé d'intégrations culturelles – comme le résultat de la « transculturation » –, qui a été directement lié à la formation des genres musicaux. C’est pour cela que l'on pourrait affirmer que l'héritage culturel de Cuba inclut des traditions et des patrons artistiques de cultures diverses, assumés par le peuple cubain et qui, dans le domaine de la musique, s’est étendu aux instruments et aux groupes pour lesquels ont été créés ou adoptés des répertoires et des techniques d'exécution.

La musique cubaine est exécutée par des ensembles instrumentaux sui generis, qui se sont développés dans le monde de l'art populaire et traditionnel cubain au sein desquels le rôle des instruments de la famille de la percussion est significatif.

En accord avec des études récentes sur les ensembles qui exécutent les genres musicaux cubains, ils existeraient vingt-cinq typologies de groupes instrumentaux, dans lesquels priment les instruments à percussion.

La percussion cubaine actuelle

Dans la percussion cubaine actuelle, dont l'origine a pu être retracée sur plus d’un siècle, coexistent des instruments qui correspondent aux différentes évolutions techniques de fabrication des instruments musicaux. Ainsi ces percussions sont caractérisées par des techniques de fabrication, des systèmes de tension et d’affinage et de façons d'exécution spécifiques, qui correspondent aux groupes ethniques de diverses zones géographiques, ou qui sont le résultat du brassage de plusieurs. L'exemple le plus parlant est la tumbadora, qui naît suite à la transformation d'un instrument provenant de la culture africaine.

Depuis les années trente du siècle dernier, la percussion cubaine est présente dans les orchestres symphoniques et d'accompagnement du monde entier, grâce à l'étude des essences de nos genres musicaux, spécialement du son, faite par les compositeurs Amadeo Roldán et Alejandro García Caturla. Parallèlement, à cette époque, le jazz nord-américain a été marqué pour toujours par nos rythmes, grâce à l’étonnant travail du percussionniste cubain noir Luciano Chano Pozo dans l'orchestre du nord-américain Dizzy Gillespie.


Inter Press Service en Cuba

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