Víctor Cervantes, De l’art plastique aux réseaux sociaux
Photographe avec l'objectif de promouvoir l'authenticité cubaine
Découvrez l’histoire de Víctor Cervantes, artiste cubain devenu créateur de contenu. Entre photographie et réseaux sociaux, il capture l’âme de Cuba.

En parcourant les rues de La Havane, notre équipe a rencontré Víctor Cervantes, un jeune artiste plasticien devenu créateur de contenu pour les réseaux sociaux. Avec la sympathie et la timidité qui le caractérisent, il a accepté de nous raconter son parcours et sa vision de l’art et de Cuba.
Des arts plastiques aux réseaux sociaux
Víctor est un jeune Cubain diplômé en éducation, spécialisé dans les arts plastiques. À ses débuts, il peignait des nus et des portraits, mais il a abandonné la peinture il y a plusieurs années. « J’ai perdu l’habitude de dessiner », nous confie-t-il. La photographie, en revanche, l’a toujours accompagnée, et il s’y consacre professionnellement depuis une dizaine d’années.
Son style ne suit pas de règles strictes, mais s’il fallait le définir, il le qualifierait de « photographie de rue ». Il privilégie un processus créatif ouvert et spontané, parcourant les rues à la recherche d’inspiration. Parfois, ses projets sont planifiés à l’avance, mais souvent c’est le hasard qui l’inspire.
Aujourd’hui, sa plus grande motivation réside dans les réseaux sociaux. Avec une petite équipe, il crée du contenu pour sa page Instagram, principalement destinée à un public international. « C’est un espace de divertissement », explique-t-il. Selon lui, les gens utilisent ses publications comme un accompagnement pour leur café du matin.
Montrer la réalité cubaine avec amour
Víctor croit que la réalité ne doit pas être triste ou négative. « Il faut y mettre de l’amour et montrer la réalité sans trahir l’éthique », dit-il. C’est sa manière de présenter Cuba d’aujourd’hui.
Je suis né et j’ai grandi ici, à Cayo Hueso dans le Centro Habana. J’ai couru dans les rues comme les enfants d’aujourd’hui, je me suis baigné dans la mer face au Malecón, j’ai joué au baseball, tout comme les jeunes d’aujourd’hui. Quand je repense à mon enfance, je me demande : Et si je n’étais pas à Cuba, qu’est-ce que j’aimerais voir ? Et c’est ce que j’essaie de montrer à mon public.
Il préfère qu’une tierce personne filme ses vidéos pour que ses followers aient l’impression de marcher à ses côtés dans les rues de La Havane. « Si je perds mon équipe de tournage, je perds Instagram », plaisante-t-il.
Dédication et inspiration
Le mot qui définit le mieux son travail est « dédication ». Tout jeune, il a appris la photographie auprès de son père, Manuel Cervantes, en l’aidant à développer des pellicules. Sans hésiter, il cite son père comme sa plus grande inspiration, mais il admire aussi le travail du photographe américain Constantino Manos.
Pour Víctor, ce qui compte dans une photo, c’est moins ce qui se passe que ce qu’elle dégage. « Ce qui m’intéresse, c’est la connexion entre la personne et le contexte, l’émotion du moment ». Il évite les sujets controversés et s’éloigne des clichés traditionnels des années 1990, comme les voitures américaines ou les maisons colorées.
Malgré les difficultés, il n’a jamais rencontré d’obstacles majeurs dans sa carrière artistique. Sa dernière exposition a eu lieu en août 2024 à la salle Pared Negra de la Fábrica de Arte Cubano ( La FAC ). Cependant, il nous confie qu’il n’envisage pas de nouvelles expositions : sa page Instagram est devenue sa galerie virtuelle.
Víctor Cervantes
La cubanité selon Víctor
Quand on lui demande de définir la cubanité, Víctor hésite un instant avant de répondre. Pour lui, c’est un sentiment, une nostalgie que ressentent les Cubains vivant à l’étranger.
C’est ce que tu as à Cuba et dont tu ne connais la valeur que lorsque tu es loin. C’est ce que ressent un Cubain quand il dit : “Ce qui me manque c'est…” Le mot qui suit, c’est la cubanité.
Sa mission est de montrer la Cuba d’aujourd’hui au monde entier. « Mon rôle est de documenter ce qu’est Cuba, de maintenir vivant le désir de venir ici, l’amour pour ce pays, ce sentiment d’appartenance ».
Cubanía
Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.
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