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Idées préconçues que vous avez peut-être sur les Cubains

Aller au-delà des clichés pour mieux comprendre la culture locale cubaine

Auteur:
P. del Castillo
Date de publication:
18 août 2022

Pour se donner la chance de comprendre Cuba, il vaut mieux se dire que l'on ne sait pas grand chose de ce pays. Un effort intellectuel qui demande une certaine humilité. Alors, avant de partir, pourquoi ne pas commencer par se débarrasser de quelques clichés ?

Les bici-taxis singuliers de la ville d'Holguín

Vous savez probablement que Cuba a bien plus à offrir que ses majestueuses plages de sable blanc et ses îlots paradisiaques...mais certains stéréotypes restent tenaces et le danger est grand, pour le visiteur, d'interpréter la réalité cubaine à travers ces « lunettes » : on ne voit que ce qui confirme ces idées préconçues et quand un fait ne confirme pas ces stéréotypes, nos cerveaux paresseux ont souvent vite fait de le ranger parmi les exceptions.

Les Cubains sont pratiquement tous noirs

Selon les statistiques officielles, la population blanche serait légèrement majoritaire. Encore faudrait-il s'entendre sur ces catégories, qui varient au fil du temps et selon les pays et qui sont d'autant moins pertinentes dans un pays qui a connu des siècles de brassage ethnique : les Cubains ont des ancêtres Africains et Espagnols bien sûr, mais aussi Chinois, Indiens, Arabes, Japonais, Suédois, Russes...

Mais c'est un fait, il existe des Cubains blonds et ils sont souvent affublés du surnom de Ruso ou Rusa, même s'ils n'ont aucun aïeul slave. Les Cubains aux yeux clairs sont encore moins rares. Yésica, qui présente ces deux traits physiques, témoigne : « Quand je suis arrivée en France, personne ne me croyait lorsque je disais que j'étais Cubaine ».

Et dire qu'il y a même des roux ! Il faut reconnaître que les Cubains ont souvent la peau tannée par des années passées sous le soleil des tropiques et qu'il est parfois difficile de s'imaginer leur couleur « d'origine ».

Une Cubaine d'ascendance chinoise dans le quartier chinois de La Havane

Buena Vista Social Club et Orishas sont les groupes de musique les plus connus à Cuba

Certainement pas ! En réalité, ces groupes ont acquis leur notoriété à l'étranger. La musique de Buena Vista Social Club est qualifiée par les Cubains de « musique traditionnelle », un genre qui ne fait pas fureur sur l'île. Le rap n'occupe qu'une place très modeste dans le panorama musical local et Orishas n'est probablement pas le groupe le plus connu ici, où les jeunes écoutent plutôt du reggaetón ou de la musique fusión à moins qu'ils ne préfèrent la musique électronique ou la pop venue d'ailleurs.

Le groupe de musique fusion Qva Libre

Les Cubains dansent tous la salsa

Un contre-exemple de poids : Juan Formell, le fondateur du groupe mythique Van Van, incarnation de la cubanía a toujours avoué qu'il était incapable d'aligner deux pas de salsa, que l'on appelle ici casino. De nos jours, la salsa est durement concurrencée par le reggaetón sur les pistes de danse des discothèques.

Le base-ball est le sport roi

S'il est toujours qualifié de « sport national », le base-ball a cédé énormément de terrain au football et les cages de foot improvisées envahissent chaque jour les rues cubaines. La télévision a suivi le mouvement en diffusant les matchs des championnats européens et dernièrement, les fans du Barça et du Real Madrid ont même pris l'habitude de sortir leurs drapeaux dans les rues à chaque rencontre importante.

Les Cubains fument surtout des cigares

Omniprésent sur les cartes postales et les tableaux vendus aux touristes, le cigare est aussi dans les bouches des femmes accoutrés de costumes traditionnels et qui monnaient leur photo - un cliché dans les deux sens du terme - aux visiteurs dans les rues de la Vieille Havane. Pourtant, la très grande majorité des fumeurs Cubains tire sur des cigarettes.

Les Cubains ne connaissent rien à Internet

Vous serez sans doute surpris des connaissances des jeunes cubains en matière de nouvelles technologies. De nombreux lieux publics sont maintenant équipés de zone Wifi et il n'est pas rare de voir les Cubains se connecter par datos mobiles (données mobiles). Ils n'hésitent pas à payer le tarif pourtant prohibitif de la connexion pour accéder aux réseaux sociaux - Facebook en tête - depuis le confort de leur foyer.

Un parc wifi à Santa Clara

À Cuba, tout le monde est forcément très « politisé »

Évidemment, le visiteur qui se contente de prendre en photo les grands panneaux clichés scandant des slogans révolutionnaires se verra confirmé dans ses convictions. Prenons un exemple : derrière le nom de Comités de Défense de la Révolution se cachent en réalité des conseils de quartier, qui s'occupent surtout du ramassage des déchets et de l'éradication des moustiques... que l'on s'en réjouisse ou pas, les temps ont changé, surtout à La Havane.

En fin de compte, les Cubains sont des gens ordinaires, il y a ceux que la politique intéresse et les autres. Forcément, si vous engagez une conversation politique avec un Cubain, il y a fort à parier qu'il vous donnera son avis sur la question, de quoi renforcer votre a apriori. S'il élude la question, vous interpréterez cette attitude avec ce que vous pensez savoir de Cuba...

Mais encore faut-il connaître ces codes culturels et après tout, il ne vous viendrait pas à l'esprit de demander « Pour qui votez-vous? » à un Français que vous venez de rencontrer ! Les questions que pose le voyageur pressé sont pourtant de cet acabit.

Des Cubains dansent au festival d'électronique Rotilla

Or, Cuba ne se livre pas si facilement...mais le voyage réussi n'est-il pas celui dont on revient avec plus de questions que de réponses ? Connaître un pays prend du temps et exige une certaine disposition d'esprit. Quant aux stéréotypes, ils sont d'autant plus difficiles à déconstruire que certains sont entretenus par les Cubains eux-mêmes. Alors, si vous aviez aussi des idées préconçues, vous êtes pardonné. D'ailleurs, les Cubains en ont autant sur vous... mais c'est une autre histoire.


Cubanía

Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.

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