Lalo : pêcheur engagé contre le fléau du poisson-lion
Fléau des Antilles, son seul prédateur : l'Homme
Auteur:
Indira Rosell Brown
Date de publication / actualisation:
31 janvier 2024
Dans la Cienaga de Zapata, depuis les plages de Playa Larga dans la Baie des Cochons, Lalo, pêcheur en apnée, sensibilise les visiteurs en les invitant à nager avec lui sur les traces d'un des plus grands fléaux marins de ce siècle : le poisson-lion.
C'est à la Ciénaga de Zapata, parc naturel répertorié aux plaques de roches entremêlées qui en font un site de plongée exceptionnel, que l'on y rencontre Lalo. Pêcheur dans la zone depuis ses 12 ans, sa spécialité est la pêche sous-marine en apnée.
La pêche du poisson-lion, une nécessité ?
La pêche en apnée est une discipline périlleuse mais qui permet à Lalo de capturer des espèces habituellement difficiles à attraper. C’est depuis la surface de l’eau turquoise que l’on observe son activité quotidienne. Muni de palmes et d’un simple harpon à élastique, il est capable de descendre à plus de 25 mètres de profondeur en apnée. Ces aptitudes lui permettent de chasser le poisson-lion, ce cousin de la Rascasse qui a envahi toutes les Caraïbes et se retrouve sur les côtes cubaines depuis 2007.
Ce prédateur est considéré comme l'un des plus dangereux pour les écosystèmes récifaux. Il s'est reproduit rapidement sur l'île au point qu'aujourd'hui il suscite de grandes inquiétudes en raison des dangers qu'il représente pour la population de poissons indigènes, l'économie et la vie humaine. L'activité de Lalo devient alors essentielle pour réguler l’écosystème marin de la zone mais également pour garnir la carte des restaurants locaux.
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Aux origines de sa présence dans l’archipel cubain
Le succès de son invasion réside dans les caractéristiques de cette espèce : sa procréation rapide, la facilité d'obtention de nourriture qui varie des invertébrés aux poissons, et sa capacité à mieux survivre, grâce aux énormes épines venimeuses qui recouvrent son corps et l'empêchent d'être attaqué par d'autres prédateurs plus grands en taille. Même le requin ne le mange pas.
Les poissons-lions causent de graves dommages aux récifs coralliens et aux herbiers marins, ainsi qu'aux crustacés et aux poissons, en raison de leur alimentation vorace. Les scientifiques pensent que cette espèce a la capacité de réduire rapidement la faune locale. Les dégâts causés par ce grand prédateur ont un impact direct sur l’activité de pêche et l’industrie du tourisme, car ils réduisent l’abondance et la diversité des poissons, source du tourisme de plongée.
Il existe plusieurs versions sur la façon dont le poisson-lion est arrivé dans les eaux de l'archipel cubain. L'une d'elles souligne que des spécimens de l'espèce se sont probablement échappés d'aquariums privés ou ont été intentionnellement relâchés depuis la Floride, aux États-Unis. Une autre théorie affirme que leurs œufs fécondés resteraient attachés aux navires, facilitant ainsi leur transfert des océans Indien et Pacifique vers les eaux atlantiques.
Zimy Da Kid
Lalo, Pez León
Selon les spécialistes, il est peu probable que ce prédateur puisse être radicalement éliminé des eaux cubaines. Cependant, les institutions environnementales cubaines ont développé des stratégies pour stopper l'invasion du poisson-lion, allant de la création de groupes spécialisés pour la pêche à des campagnes pour encourager la population à le pêcher pour leur consommation.
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