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Le tetí : Le mets exquis de la cuisine cubaine

Un poisson typique de Baracoa

Auteur:
Indira Rosell Brown
Date de publication:
24 septembre 2023

La pêche au tetí fait partie de la culture de Baracoa et est à l'origine de plats exquis que l'on déguste exclusivement dans cette partie orientale de Cuba.

El teti

Le tetí apparaît lorsque la lune décroît. Les bancs lumineux du tetí envahissent l'embouchure des rivières de Baracoa. Ils sautent très vite et il semble impossible de les attraper. Les pêcheurs de la région ont une grande expérience dans la pêche de ce poisson extrêmement rare qui a donné naissance aux légendes les plus insolites.

Le mystère du tetí

Selon les habitants de Baracoa, le tetí habite les rivières de Baracoa depuis des centaines d'années. Ce sont de minuscules poissons : les mâles peuvent atteindre six centimètres et demi de longueur et trois à quatre millimètres de largeur.

Botes pesqueros en Baracoa

C'est une sorte d'eau douce mais lorsqu'ils pondent leurs œufs, ils sont emportés par le courant jusqu'à tomber dans la mer. Là, ils éclosent et nagent à contre-courant vers l’embouchure des rivières où ils deviennent adultes.

À Baracoa, on pense que le tetí vient uniquement de cette région, mais ce n'est pas le cas. Le nom Sicydium plumieri et Sicydium punctatum de cette espèce habite également d'autres rivières qui se jettent dans la mer des Caraïbes.

On peut les trouver dans des pays comme la Martinique, le Panama, le Venezuela, la Colombie, la Jamaïque, la Colombie, le Panama, Porto Rico et la République Dominicaine.

Un rituel de pêche codifié

Aux mois de juillet, août, septembre et octobre, lorsque la migration saisonnière débute, les pêcheurs construisent de petits cabanons dans le tibaracón pour rester avec leurs femmes et leurs enfants durant les jours de pêche.

El teti
"Tibaracón" : Accumulation de sable à l'embouchure d'une rivière qui l'empêche d'atteindre la mer

Cette activité est effectivement devenue un motif de fête pour les habitants de Baracoa. C'est pourquoi les membres de la famille qui accompagnent les tetiseros (les pêcheurs qui capturent le tetí) profitent de l'occasion pour déguster de l'eau-de-vie et danser au rythme du nengón et du kiribá (danses traditionnelles de la région de Baracoa).

Les tetiseros partent à la recherche du tetí à la tombée de la nuit. Plusieurs personnes munies de torches les accompagnent pour dissiper l'obscurité et faciliter la tâche des pêcheurs. Les hommes se dirigent vers l'embouchure de la rivière et attendent que l'eau descende des montagnes : « c'est le meilleur moment pour attraper le poisson », disent les locaux. Ils étendent ensuite un filet sous la surface de la rivière et attendent l'arrivée du tetí.

Botes de pesca en El Manglito (Baracoa)

Les petits poissons sautent inlassablement et simulent sur l'eau des rayures très fines et brillantes presque imperceptibles. Les tetiseros profitent du fort courant de la rivière qui les fait tomber dans les mailles très fines des filets. La pêche dure jusqu'à l'aube.

Après une journée arrosée d'eau-de-vie et des rythmes musicaux de la région, les pêcheurs retournent à leurs cabanons avec leurs besaces pleines. Là, les attendent les femmes désireuses de cuisiner les délicieux petits poissons. C'est ainsi que se perpétue une tradition qui, selon les habitants, remonte à l'époque où les Aborigènes habitaient la région de Baracoa.

Le mets favori de Baracoa

Les habitants s'accordent à dire que le tetí est exquis. On peut la préparer de différentes manières, mais l’huile de coco semble être l’ingrédient essentiel. Le citron, l'oignon et la tomate font également partie de la préparation.

Bote de pesca en Baracoa

Le tetí peut être consommé frit, en sauce et est généralement accompagné de riz. Ce plat de la cuisine cubaine fait avant tout partie de la culture de Baracoa, à l'est de Cuba. Ce mets fait généralement partie des célébrations et constitue le point culminant d'un rituel qui commence par la pêche ancestrale du petit poisson.

Le tetí est si profondément enraciné à Baracoa qu'il a donné naissance à un dicton qui caractérise la ville la plus ancienne de Cuba.

Sans la Lune décroissante, il n'y a pas de tetí. Sans tetí, il n'y a pas de Baracoa.

traducteur:

Elodie Vandenbossche

Cubanía

Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.

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