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La Havane, une mosaïque d'architectures

Quelques constructions icôniques de la capitale cubaine

Auteur:
Bryan Campbell
Date de publication:
18 novembre 2019

L’architecture de La Havane est une combinaison des origines et des mœurs très variées qui ont contribué à construire un pays aux origines multiples. La Havane en est l'exemple le plus éclatant.

Très souvent, lorsqu’on essaie de déterminer les racines de la cubanía, on fait allusion à un vieux proverbe : « le métissage a créé la nation ». La combinaison des origines et des mœurs ont contribué à construire Cuba. Il en est de même avec l’éclectisme marqué du paysage architectural des villes cubaines.

La Havane est  le meilleur exemple d’un style hybride enrichi par toutes les idées et influences qui ont façonné son existence tout au long de ses 500 ans d'existence. L’architecture de La Havane a puisé dans un grand nombre de styles internationaux, ce qui a contribué à la création d’un ajiaco (ragoût cubain) authentique sous-tendu par des adaptations typiquement créoles de mouvements artistiques comme le baroque, l’Art déco ou le néoclassicisme. 

Colonie et influence européenne

Le centre historique havanais est le meilleur représentant du style de construction coloniale typique des villes du Nouveau Monde. Abritant un grand nombre d’églises, de places et de fortifications, la ville a été édifiée à l’instar de toute autre cité des Amériques. Mais le niveau de préservation de la Vieille Havane et la méthode de restauration retenue font la différence, c'est pour cela qu'elle constitue un site incontournable.

Cathédrale de La Havane

Un exemple représentatif est celui de la cathédrale de La Havane, un des centres de référence du catholicisme à Cuba. Implantée dans le centre historique, classé patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO, sa construction a bénéficié d’un appui précieux au XVIIIe siècle de la part des prêtres jésuites qui voulaient en faire une école de missionnaires. Même si elle a fait l’objet des disputes religieuses et gouvernementales typiques de l’époque, elle est devenue la Très Sainte et Métropolitaine Église Cathédrale de La Havane. D’origine baroque, le bâtiment a été soumis au fil du temps à des constantes modifications néoclassiques, ainsi sa façade est aujourd’hui l’un des exemples les plus frappants du baroque néoclassique à Cuba.

Plazuela de las Ursulinas

À un moment où le néoclassicisme, le baroque et leurs versions locales s’imposaient, devenant la norme de construction aux XVIIIe et XIXe siècles, d’autres tendances trouvaient aussi leur place dans l’île. La Plazuela de las Ursulinas, très semblable visuellement à L’Alhambra de Grenade, se dressait comme un représentant du style mauresque directement exporté du sud de l’Espagne vers Cuba. La petite place est liée aux religieuses ursulines de la Louisiane, pionnières de l’éducation des femmes à Cuba. Elles ont occupé l’immeuble en 1804, et y réalisaient des services à caractère religieux et éducatif.

Jardins de la Tropical

Le style de construction mauresque s’est répandu dans différentes zones de la Vieille Havane, même au cours des premières décennies du XXe siècle. Il est aussi présent dans des projets lointains comme celui des Jardins de la Tropical à l’ouest de la ville, où l’on peut admirer, un peu partout, des immeubles aux influences mauresques qui rappellent des constructions majestueuses comme la mosquée de Cordoue, en Espagne. Cependant, les Jardins de la Tropical comptent un grand nombre d’éléments architecturaux qui en font du site l’exemple le plus représentatif du paysagisme moderniste à Cuba.

Considérés comme la stratégie commerciale la plus effective du XXe siècle à Cuba, les Jardins ont été inaugurés en 1904 dans le cadre de la promotion de la bière Tropical. Il s’agit d’un espace de récréation et de relation avec l’environnement où la nature est en parfaite harmonie avec l’objectif de la construction, créant ainsi une atmosphère unique. Quiconque visite les Jardins de la Tropical se souviendra immédiatement du Parc Güell en Catalogne et de l’influence d’Antonio Gaudí, les deux sites ont d'ailleurs été construits à la même époque. 

XXe siècle et indépendance de la République

Edificio Bacardí

À un moment où de nouveaux quartiers voient le jour à La Havane, le rayonnement de l’architecture et des arts états-uniens peut être apprécié dans la ville. Compte tenu de cette empreinte, des styles comme l’Art déco se déplacent de New York à La Havane, où ils s’imprègnent des touches tropicales qui caractérisent des constructions comme l’Edificio Bacardí, premier bâtiment en son genre construit à Cuba pour accueillir les bureaux à La Havane de la société Bacardí consacrée à la production et la commercialisation du rhum. En 1930, année de son inauguration, cet édifice était tenu pour le plus haut de l’île. 

Edificio López Serrano

Les années 30 du siècle dernier nous ont aussi légué l’Edificio López Serrano. Clairement défini par ses traits Art déco, il est considéré comme le premier gratte-ciel cubain, combinant pour la première fois l’espace résidentiel et les zones commerciales. Doté de luxueux appartements, cet immeuble est entré dans l’histoire car il abritait la deuxième station de télévision en couleurs au niveau international.

Révolution et nouvelles priorités

La distinction et l’élégance caractéristiques des mouvements et styles architecturaux des années 30 et 40 du XXe siècle ont cédé la place à de nouvelles stratégies d’urbanisation retenues après le triomphe de la Révolution cubaine en 1959. Beaucoup de propriétés étrangères et de bâtiments ont été nationalisés, alors que d’autres priorités ont été définies en matière de construction et de développement architectural de la ville de La Havane et du reste du pays.

Institut Supérieur des Arts

Un exemple de ces nouvelles dynamiques c’est l’Institut Supérieur des Arts (ISA). Construit sur un ancien terrain de golf, l’ensemble, qui a soulevé dès le début des controverses, avait pour objectif d’accueillir une université susceptible d’unifier l’enseignement artistique dans le pays. Des techniques et styles architecturaux divers y ont été employés, c'est pour cela que l’Institut a été souvent qualifié d’anarchique et désorganisé. Mais l’ISA est l’un des points de référence de l’architecture à La Havane, même si sa construction n’a jamais été achevée en raison de la situation économique des années 1960 et 1970 à Cuba.

Edificio Girón

L’Edificio Girón a été un autre grand projet mené par le nouveau gouvernement dans les années 1960. Il s’agit d’un immeuble dont la conception combinait l’avant-gardisme et la fonctionnalité, le but étant de matérialiser un projet de logements sociaux offrant des vues spectaculaires sur le Malecón (boulevard de mer) de La Havane au cœur même du luxueux quartier du Vedado. L’Edificio Girón est unique en son genre. Certains éléments de sa construction ont été reproduits dans plusieurs grands projets de logements sociaux qui ont caractérisé le développement urbain à l’est de la ville.

traducteur:

Fernández-Reyes

Cubanía

Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.

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