Comment Cuba gère-t-elle ses défis environnementaux ?
Le développement durable au cœur des préoccupations politiques
Cuba, comme de nombreux pays, fait face à des défis environnementaux qui menacent le développement durable de sa nation. Cependant, l’île des Caraïbes ne cesse de développer des stratégies avec les institutions spécialisées et les communautés pour y répondre.
La protection de l’environnement est une priorité pour le gouvernement cubain. C’est ce que démontrent les politiques mises en œuvre dans le pays. De nombreux accords internationaux sont signés sur cette question vitale, pour répondre aux principaux problèmes environnementaux que connaît le pays.
À Cuba, les normes de protection de l’environnement ont une particularité : elles sont élaborées avec la participation d’institutions spécialisées et de citoyens, car le lien entre le développement durable des communautés et la protection de l’environnement est reconnu. C’est pourquoi la vulgarisation et l’éducation environnementale des Cubains intègrent les stratégies élaborées pour faire face aux problèmes environnementaux. Des défis persistent, principalement en raison de la faible conscience environnementale qui pèse encore sur la population cubaine.
À quels défis environnementaux Cuba est-elle confrontée ?
Selon un article parut dans la revue Novedades Población, l’un des défis auxquels l’île est confrontée est la dégradation de ses sols, provoquée par des facteurs tels que la salinisation, l’érosion et la mauvaise qualité du drainage. Cette problématique met en péril la sécurité et la souveraineté alimentaires, l’un des plus grands défis auxquels est confronté le gouvernement cubain.
La publication souligne également que la déforestation est une autre problématique auquelle le pays est confronté. Une déforestation notamment favorisée par la poursuite de l’abattage aveugle des arbres, en dépit de la réglementation en vigueur. Les spécialistes indiquent qu'elle est due à la nécessité de créer des espaces pour les logements, les hôtels, les institutions et pour l'usage de l’agriculture.
Les recherches montrent en outre que le mauvais état des réseaux d’aqueducs et d’égouts et la collecte instable des déchets solides, principalement dans la capitale cubaine, contribuent à la dégradation de l’environnement. La mauvaise qualité de l’air au niveau local, due à la pollution de l’air par les industries et les entreprises porcines, a également un impact négatif.
À ces difficultés s’ajoute la mauvaise gestion environnementale des produits chimiques toxiques produits par les industries qui exploitent des déchets dangereux. En outre, la pollution des eaux intérieures et marines, beaucoup de déchets non traités y sont déposés, porte atteinte à la durabilité environnementale et alimentaire. La baie de La Havane en est un exemple éloquent, elle subit les déversements de pétrole, provenant des activités portuaires, et les déchets provenant des communautés qui l’entourent. Cette pollution a gravement endommagé les fonds marins, causant la diminution de sa biodiversité.
Les champions de la protection de l’environnement à Cuba
Depuis le triomphe de la Révolution cubaine en 1959, le gouvernement s’intéresse à la protection de l’environnement. Motivation qui atteint son sommet avec la création en 1994 du Ministère de la Science Technologie et de l’Environnement (CITMA). Le CITMA dirige et évalue les réserves naturelles, les aires protégées, l’éducation à l’environnement et les activités menées dans les zoos, musées, aquariums et jardins botaniques du pays.
Cet organisme est chargé de proposer et de veiller à la mise en œuvre de la politique environnementale. Des normes qui sont élaborées en accord avec les principaux défis environnementaux auxquels la nation est confrontée. Elles sont également influencées par les tendances internationales qui poursuivent le développement durable.
Depuis 2017, le Ministère de la Science Technologique et de l’Environnement est chargé de mettre en œuvre et d’évaluer la « Tarea Vida » (tâche vie), un plan scientifiquement soutenu pour faire face aux changements climatiques. La stratégie favorise 73 des 168 municipalités cubaines, dont 63 dans les régions côtières et 10 à l’intérieur du pays.
La Tarea Vida est mise en œuvre dans les zones vulnérables. Les endroits où peuvent être menacées la vie des gens, la sécurité alimentaire et les zones de développement touristique. Le littoral nord de la capitale cubaine La Havane et sa baie, Varadero et ses espaces touristiques ; les îlots de la province Villa Clara, ainsi que les territoires menacés par l’élévation du niveau moyen de la mer dans des villes comme Cienfuegos et Baracoa, sont quelques-unes des zones prioritaires par Tarea Vida.
La protection de l’environnement à Cuba : une responsabilité individuelle ?
Bien que les spécialistes affirment que la sensibilisation à l’environnement est encore faible dans la nation caribéenne, on ne peut nier le travail accompli par les individus et les communautés dans ce domaine.
Les Cubains qui collectent des matières premières telles que des boîtes, du carton et des poignées en plastique pour le recyclage en sont un exemple. Ce travail contribue non seulement à la protection de l’environnement, mais apporte également des matières à des industries telles que la construction, la production d’acier et l’emballage de médicaments.
Les défenseurs de l’environnement, chargés de l’éducation dans les écoles et les communautés, ont également contribué à sensibiliser l’opinion. Des résultats peuvent être constatés dans des régions telles que la communauté touristique de Las Terrazas, dans la province cubaine de Pinar del Rio, où un développement humain élevé a été réalisé dans le respect de l’environnement naturel.
Des exemples comme ceux-ci se multiplient sur l’île. Et bien que selon les spécialistes, les efforts n’atteignent pas encore les résultats escomptés, ils montrent bien les actions d’une nation qui prétend se développer dans le respect de son environnement.
Elodie Vandenbossche
Cubanía
Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.
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